Frénectomie : bien plus qu’un geste chirurgical

Souvent réduite à un acte mineur, la frénectomie (linguale ou labiale) est en réalité une intervention à fort impact fonctionnel. Basée sur une compréhension biomécanique rigoureuse du corps humain, elle s’inscrit dans une approche médicale complète visant à restaurer des fonctions vitales : succion, mastication, phonation, respiration, posture…

Qu’est-ce qu’un frein restrictif ?

Un frein est un vestige embryonnaire de tissu conjonctif, formé de fibres de fascia. S’il est trop court ou mal résorbé, il limite la mobilité de la langue ou de la lèvre. On parle alors de frein restrictif. Ce blocage biomécanique peut avoir des conséquences durables sur la santé du bébé, de l’enfant ou de l’adulte.

Pour poser un diagnostic valable :

• Une restriction anatomique doit être objectivable
• Mais aussi une limitation fonctionnelle observée (oralité, posture, phonation, respiration, etc.)

Des répercussions dès la vie in utero

Dès la 8e semaine de grossesse, la langue influence la croissance osseuse des maxillaires et la forme du visage. Une langue restreinte ne peut exercer la pression nécessaire sur le palais, ce qui entraîne :

• Un palais étroit
• Des troubles de l’occlusion dentaire
• Une croissance perturbée du massif facial
• Des déformations crâniennes (plagiocéphalie, brachycéphalie)

Symptômes cliniques : bébé, enfant, adulte

Chez le bébé :

• Allaitement inefficace ou douloureux
• Reflux, coliques, prise de poids faible
• Respiration buccale, apnées, posture asymétrique
• Plagiocéphalie, torticolis, tensions corporelles

Chez l’enfant et l’adolescent :

• Retard de langage, difficulté à prononcer certains sons
• Respiration buccale, troubles du sommeil
• Récidive d'appareillages orthodontiques
• Bruxisme, reflux, posture anormale

Chez l’adulte :

• Sensation de gêne linguale ou tensions orofaciales
• Fatigue chronique, apnées du sommeil
• Difficultés à avaler ou s’exprimer
• Maux de tête, troubles de la posture

Une prévalence largement sous-estimée

Contrairement à l’idée reçue (4 à 10 % des nourrissons), une étude de 2021 menée sur 1392 nouveau-nés en Espagne a révélé une prévalence de 46,3 % de freins restrictifs ! Cette hausse est expliquée par :

• Un meilleur dépistage
• Le retour à l’allaitement
• Une composante génétique (MTHFR, gène X…)
• Le rôle controversé de l’acide folique périnatal

Frénectomie et sommeil : un lien vital

Une langue restreinte ne peut reposer en position haute contre le palais — or c’est cette position qui maintient un couloir respiratoire dégagé. À l’inverse, une langue basse chute dans la gorge la nuit, provoquant des apnées, des micro-réveils ou des troubles respiratoires.

Le lien entre ankyloglossie et SAHOS (apnées du sommeil) est maintenant bien documenté chez l’enfant et l’adulte.

Couper ne suffit pas : l’importance du suivi post-opératoire

Une frénectomie est un acte nécessaire mais non suffisant. Comme toute libération d’un complexe musculaire, elle doit s’accompagner de :

• Rééducation myofonctionnelle
• Exercices de mobilité et proprioception linguale
• Travail postural et respiration nasale
• Accompagnement des tensions musculaires et fascias

Déroulement de l’intervention

La frénectomie est réalisée sous anesthésie locale, au ciseau ou au laser. Elle dure quelques secondes chez le bébé, et environ 10 à 15 minutes chez l’adulte.

Avantages de la technique laser :

• Moins de saignement
• Moins de douleur post-opératoire
• Cicatrisation plus rapide
• Souvent sans point de suture

Et après l’intervention ?

• Petite gêne ou douleur possible pendant 1–2 jours
• Alimentation douce les premiers jours
• Massage ou exercices pour éviter les adhérences
• Suivi avec une conseillère en lactation (si bébé)

FAQ sur la frénectomie

Est-ce douloureux ?

Non. L’intervention est rapide et réalisée sous anesthésie locale. Une petite gêne peut survenir dans les 48h.

Peut-on allaiter juste après l’intervention ?

Oui. Beaucoup de bébés tètent immédiatement après, souvent avec une nette amélioration.

Combien de temps dure la cicatrisation ?

Environ 15 à 30 jours. Elle est généralement rapide, surtout chez les plus jeunes.

Conclusion

La frénectomie n’est ni une mode, ni un excès : c’est une intervention médicale, fondée sur la biomécanique et validée par la littérature scientifique. Elle permet, si bien indiquée et bien accompagnée, d’optimiser des fonctions essentielles à la santé. Le bon diagnostic, la bonne équipe et le bon accompagnement font toute la différence.

Pour en savoir plus on vous propose en accès libre l'article complet et très instructif écrit par l'équipe de Sereniteeth ici :  Frénectomie :se libérer des mauvaises langues.